COLLOQUE ANNUEL DU JEÛNE ISUPNAT PARIS : NOTRE RETOUR
Ce samedi 20 janvier, Guillaume et moi avons assisté à un colloque sur le jeûne organisé par l’école de naturopathie ISUPNAT PARIS, qui a réuni des experts autour de la question du jeûne : médecins, chercheurs, journalistes, philosophes. Voici quelques une des informations les plus précieuses retenues lors de cette journée. Enchantés d’apprendre de nouvelles choses, nous avons cependant remarqué que peu de spécialistes se penchent véritablement sur le sujet avec un regard scientifique. Comprendre le corps et son aptitude naturelle à se restaurer de lui-même n’est pas si facile. Comme l’a expliqué Thierry De Lestrade (co-réalisateur du fameux documentaire Le jeûne, une nouvelles thérapie), l’idée est encore à contre-courant des travaux de Louis Pasteur qui connurent un vif succès à la fin du 19ème siècle. Si la maladie vient de l’extérieur, du microbe, comment pourrait-elle être améliorée de l’intérieur, par le nettoyage du corps et la prise de conscience de soi auxquels invite le jeûne ? Ce congrès n’a fait que raviver l’idée déjà forte en nous que le corps est un outil merveilleux. En début de jeûne par exemple, l’organisme est capable de mesurer la quantité de graisse dont l’individu dispose pour savoir à quel point seront engagées les protéines dans la fabrication de l’énergie, une fois épuisées les réserves de glycogène (glucose excédentaire stocké dans le foie). Afin de préserver les protéines, le corps va alors ordonner la transformation des lipides en corps cétoniques, des molécules très appréciées par le cerveau, qui d’après les dernières études, seraient extrêmement bénéfiques dans la prévention des maladies dégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Françoise Wilhemi de Toledo, de la clinique Buchinger en Allemagne nous rappelle que les protéines ne se trouvent pas seulement dans le muscle, qu’il n’y a pas besoin d’avoir peur quant à la fonte musculaire occasionnée par le jeûne car il y a bien d’autres réserves protéiniques dans le corps. Le foie, la muqueuse intestinale et le tissu adipeux sont aussi des endroits où sont naturellement stockées les protéines. Ne pas perdre de poids lors d’un jeûne doit donc être interprété comme un signe positif. Le corps est en train d’utiliser ses lipides pour protéger ses protéines. Il est en train de fabriquer ces fameux corps cétoniques qui font du bien à nos neurones. Retenons que le jeûne augmente la résistance des neurones aux mécanismes de dégénérescence. Les cellules du cerveau ne sont pas les seules à bénéficier des effets protecteurs du jeûne. D’autres problématiques métaboliques, immunitaires et inflammatoires se trouvent aussi améliorées : la tension artérielle, l’asthme, les allergies environnementales, l’arthrite et l’arthrose, du fait de la diminution du nombre de cytokines pro-inflammatoires pendant un jeûne. De plus, jeûner 5 jours tout les six mois aurait un effet positif sur le système immunitaire. Cette pratique ferait baisser le risque de développer une maladie auto-immune. Et puis, jeûner aide à perdre du poids. Dans un monde où une grande partie de la population souffre d’obésité (le nombre de cas a triplé depuis 1975 et en 2016 plus de 1,9 milliards d’adultes étaient obèses), il est important d’élargir nos connaissances quant aux stratégies alimentaires à mettre en place pour faire face à ce phénomène planétaire. Jusqu’à présent, nous entendions par « jeûne » le fait de se priver de nourriture solide pendant plusieurs jours, une démarche pas toujours évidente à mettre en place. S’isoler du monde et de ses tentations pour ne pas subir la frustration n’est pas toujours chose simple. Il faut se préparer au jeûne et se faire guider, ne pas faire d’erreur, continuer ou non à prendre les compléments alimentaires ou les médicaments qui font parti de notre quotidien. Des ajustements demandent à être mis en place. Il existe cependant d’autres manières de bénéficier des effets du jeûne, peut-être plus faciles à installer :
- Le jeûne intermittent : une stratégie pour favoriser la longévité. Il s’agit de réduire la tranche horaire des repas à 8 heures dans la journée, c’est-à-dire ne pas prendre de petit-déjeuner, déjeuner autour de 10 heures, dîner à 18 heures et fini pour la journée, ce qui occasionne une période de jeûne pendant la nuit, courte mais ultra-bénéfique notamment pour la perte de poids et l’augmentation de la sensibilité des cellules à l’insuline.
- Le « jeûne 5/2 » qui consiste à manger normalement (dans le respect des règles diététiques bien sûr) pendant cinq jours et réduire la valeur énergétique de notre alimentation à 500 calories par jour pendant deux jours consécutifs.
- Le jeûne favorise le développement de la bactérie Akkermensia muciniphila dans le microbiote, qui semble manquer cruellement dans la flore intestinale des personnes en surpoids. Des études passionnantes sont menées en ce moment au sujet de l’impact du microbiote sur les pathologies métaboliques. Toutes les bactéries n’ont pas la même capacité à métaboliser ce qui a été ingéré.
- La période de reprise alimentaire après un jeûne compte tout autant que le jeûne lui-même car c’est à ce moment-là que la synthèse des protéines va se faire. C’est une phase de régénération essentielle lors de laquelle des facteurs de croissance favorisent la prolifération cellulaire. L’adage nous sommes ce que nous mangeons prend ici tout son sens. Ce que nous ingérons au moment de la réalimentation après un jeûne conditionne la manière avec laquelle nos protéines, c’est-à-dire notre structure, vont se synthétiser.
- Enfin, Frédéric Lenoir nous rappelle l’importance du lien entre le corps et l’esprit, l’absence de séparation entre ces deux aspects de la personne. Jeûner, c’est mettre au repos le corps, le système digestif. C’est un moment qui doit être soutenu par la mise au repos également des pensées et du mental, un moment opportun pour se relier davantage à l’esprit et au Soi et laisser l’Ego momentanément de côté.