Le jeûne hydrique

Ne boire que de l’eau pendant plusieurs jours. Sans mastiquer, sans croquer, sans ingérer d’aliment solide. Comme une opportunité de nettoyer profondément l’organisme, le jeûne hydrique oblige le déstockage des réserves de sucre et de graisse. Une renaissance, une régénération, un renouvellement cellulaire, une mise au point émotionnelle. Un séjour intérieur all inclusive.

De nombreuses questions tournent autour du jeûne et elles sont bien légitimes. Il n’y a rien d’anodin à se priver de nourriture pendant un, voire plusieurs jours.

Qui jeûne ? Qui ce besoin de nettoyage, de purification, concerne-t-il ?

Comment bien se préparer et profiter pleinement des bénéfices d’une telle cure ?

Existe t-il des contre-indications ?

Le jeûne peut être remarquable s’il est bien guidé, bien accompagné et que le jeûneur se sent en sécurité pour s’abandonner au travail que son corps demande, là, maintenant. L’exigence est différente à chaque fois. Certains jeûnes sont faciles, d’autres, sans raison apparente, le sont moins. Le mystère du vivant là aussi est à l’œuvre.

Un acte engagé dans un monde d’urgence et de remplissage


Nous vivons dans une société du faire et du faire vite. À toute allure. Nos agendas sont remplis. La journée débute sur les chapeaux de route et se termine généralement au bord de l’épuisement. Il existe comme un diktat à ne pas ralentir. Un jugement même peut être facilement porté sur ceux qui reconnaissent leur fatigue. Il faut être fort. Les vieilles injonctions évoluent, changent de contexte, mais demeurent au cœur de nos comportements.

La santé tient en équilibre, comme un funambule sur un fil. Le système nerveux nous maintient en éveil, en activité, en alerte parfois, mais il participe aussi à la régénération. Vivre sans dormir est impossible, les temps de pause sont nécessaires. Le jeûne hydrique est une offrande, une parenthèse de rien, pour revenir différemment au tout. Il est d’abord ce cadeau fait au corps et en particulier au système digestif. La digestion accapare un tiers de notre énergie totale alors jeûner c’est, avant toute chose, récupérer de l’énergie.

Qu’est-ce que le jeûne hydrique ?

Il s’agit d’une diète particulière où la seule absorption d’eau, de tisanes, de jus de fruits de fruits dilués parfois, d’infusions de légumes (les fameux « bouillons de légumes ») est autorisée. Pas d’aliment solide, peu voire pas de sucre (une petite cuillère de miel est parfois donnée aux jeûneu·rs·ses qui sont en hypoglycémie), pas de graisse. 

Il peut durer 24h et il correspond alors à un simple repos digestif. L’énergie récupérée de la digestion est mise au service des systèmes physiologiques qui en ont besoin. 

Si le jeûne se prolonge jusqu’à trois jours, c’est d’abord le système immunitaire qui en profite. 

C’est aussi le moment où le corps va puiser dans ses réserves de sucre, situées dans le foie, stockées sous une forme transformée du glucose que l’on appelle glycogène. Lorsqu’un besoin impérieux d’utiliser rapidement nos muscles et notre cerveau se présente (dans le cas d’une fuite face à un danger par exemple), la sécrétion d’adrénaline oblige une dégradation du glycogène en glucose et le corps bénéficie tout de suite de cet apport instantané de carburant. Cette réserve est donc mobilisée autour du troisième jour de jeûne et le foie se vide de ses excès en quelque sorte.

Puis, au-delà, à partir du cinquième, du sixième jour, d’autres mécanismes entrent en jeu. Dépourvu de ses stocks de glucose, le corps va aller puiser dans les graisses fabriquant des corps cétoniques qui vont remplacer le sucre pour permettre le fonctionnement cognitif et musculaire. Les lipides deviennent un carburant et ce phénomène est extrêmement bénéfique pour les neurones, les cellules de notre cerveau.

Le jeûne hydrique long est donc un moyen de soulager notre système digestif, de réguler notre microbiote intestinal, de déstocker nos réserves, de faire du bien à notre foie et à notre cerveau.

 À qui s’adresse-t-il ?

Plus particulièrement à celles et ceux qui souffrent de troubles métaboliques : cholestérol, hypertension, obésité, diabète (nous n’accompagnons que les jeûneurs souffrant d’un diabète de type 2 lorsqu’ils sont sous surveillance médicale à distance ou si un médecin est présent sur nos stages). On observe une normalisation des taux d’insuline, de cholestérol et de triglycérides parfois. La tension baisse et cette amélioration est durable dans le temps.

Au cours de nos séjours de jeûne, nous remarquons aussi l’amélioration de certaines douleurs articulaires et musculaires d’origine inflammatoire. Dans un premier temps, l’organisme en jeûne s’acidifie, mais l’équilibre tend à revenir rapidement et l’alcalinisation du terrain fait baisser considérablement les gênes occasionnées par une acidité tissulaire trop importante.

Ses bénéfices se font aussi sentir sur le plan allergique, des études montrent que lors d’un jeûne les cellules du poumon se vident de leur histamine, responsable des réactions allergiques. Les bronchites, sinusites, rhinites s’améliorent également.

Sur le plan émotionnel, psychique, le jeûne va aider à retrouver les idées claires. La concentration et la mémoire sont améliorées. La créativité augmente et il n’est pas rare de voir des jeûneurs se découvrir en pleine cure une passion pour l’écriture, la peinture. Le contact avec la nature, privilégié lors des séjours avec Clairière & Canopée, devient plus sensible. Il n’y a rien à faire, même plus à manger. La place est libre pour la contemplation, la béatitude : deux caractéristiques profondément humaines que l’on oublie souvent d’honorer aujourd’hui. 

Les pratiques comme le yoga, la méditation renforcent les sensations de calme et de détente profonde permises par le jeûne. Le ralentissement ne profite pas qu’au corps. Le silence, la déconnexion des écrans allant souvent de pair avec une cure de jeûne, est propice au retour à soi, à l’essentiel. Cette régénération physiologique permise par le jeûne s’accorde parfois avec une véritable renaissance sur le plan intérieur. Le corps et l’esprit s’imbriquent ensemble. Ils sont comme les doigts croisés des deux mains jointes en prière : l’état de l’un influence l’état de l’autre. Le jeûne devient alors une harmonisation globale et holistique de l’être humain.

Bien se préparer

Comme le sportif prépare sa course, le jeûneur prépare sa cure. Il n’est de jeûne réussi que celui qui est correctement programmé, préparé. Plus on entre lentement dans le jeûne, mieux c’est. Ainsi, la sensation de faim est moins présente quand on respecte les étapes de la désormais légendaire « descente alimentaire ».

Il est fondamental de réduire les quantités consommées lors de la semaine qui précède, ainsi que les substances ayant un effet stimulant sur le système nerveux : la caféine, la théine, le sucre, l’alcool. 

Certaines plantes peuvent être conseillées lors de la préparation afin d’entamer une détox douce et de préparer le travail du foie et de l’intestin, organes majeurs impliqués dans le nettoyage de l’organisme.

Le romarin, par exemple, soutient la fonction hépatique en douceur et nous sommes parfois amenés à recommander l’irrigation du côlon avant un jeûne. 

Le rôle psycho-émotionnel de l’intestin comme deuxième cerveau n’est maintenant plus à démontrer. Lorsque le ventre se vide et se nettoie, le bénéfice est quasiment immédiat sur l’état intérieur, sur les émotions, la psyché. Il peut s’agir d’une véritable libération. L’intestin est un organe chargé d’éliminer ce qui n’a plus d’utilité, les restes, ce qui ne peut plus être bénéfique à l’organisme. Transposez sur le plan symbolique et vous comprendrez immédiatement les vertus qu’une hydrothérapie bien prodiguée peut renfermer. « Je laisse partir ce dont je n’ai plus besoin et j’entre dans mon jeûne prêt à marcher vers un renouveau ».

Une démarche totale

Le jeûne hydrique avec ses implications physiques et psychologiques est une démarche à part entière. Bien qu’universelle et millénaire, cette diète s’inscrit parfaitement dans notre contexte moderne de surabondance et d’urgence. Un temps de retour à soi, une remise à zéro des fonctions biologiques, un face-à-face avec notre intériorité.

Nous venons de vivre une période inédite de confinement dans laquelle le message a été fort : recentre-toi sur ton essentiel. Nous avons hâte de vous retrouver pour poursuivre avec vous ce temps de réflexion et de remise en question que cette période a soulevé. Comment manger mieux ? Comment aller mieux ? Comment faire moins en faisant mieux ? Comment réactiver ma sensibilité à la nature ?

Nous portons la conviction que le jeûne est un outil puissant de mise en culture de nos interrogations fondamentales. Il est un espace d’où laisser émerger l’essence de nos profondeurs.

Et pour parfaire l’expérience, certaines saisons sont idéales pour le jeûne : le printemps et l’automne. L’une voit la sève du renouveau monter dans les branches pour aller nourrir les bourgeons, l’autre voit les feuilles tomber, symbole d’achèvement et de préparation à l’intériorisation que représente l’hiver.

L’homme fait partie intégrante de la nature et il a la possibilité, par le jeûne notamment, de se mettre en résonance avec elle et en harmonie avec lui-même. Le jeûne : un outil de reconnexion à soi et au monde.

Mathilde Marecaille,
Naturopathe à Biarritz

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