Le jeûne a-t-il des effets indésirables ?

Le jeûne intermittent et ses effets indésirables

Qu’est-ce que le jeûne intermittent et quels sont ses bénéfices ?

Le jeûne intermittent consiste à alterner des périodes de prises alimentaires avec des périodes de privation selon différents formats de durée. On peut jeûner une journée entière pour mettre l’organisme au repos. Une autre forme particulièrement répandue est celle qui consiste à manger sur une période de 8 h puis à jeûner pendant 16 h. L’idée est de prolonger le jeûne naturellement provoqué par le sommeil en supprimant le repas du soir ou celui du matin, puis en répartissant ses besoins alimentaires sur les 8 h restantes à la reprise.

Lorsqu’on arrête de manger, après 12 h de privation de nourriture, le processus métabolique de glycogénolyse s’initie. Le corps va produire du glucose (sucre) en utilisant les réserves de glycogène contenues dans le foie ou les muscles. Ce mécanisme permet de stabiliser la glycémie dans le corps.

Le jeûne intermittent, en mettant le système digestif au repos, permet également aux enzymes de digestion de mieux faire leur travail. Cela engendrerait ainsi une réduction des allergies, des réactions inflammatoires, du cholestérol et même du poids. Enfin, des études ont prouvé les effets bénéfiques du jeûne intermittent sur le vieillissement, les risques de cancers et de maladies cardiovasculaires.

Quels sont les effets secondaires du jeûne intermittent ?

La glycogénolyse induite par le jeûne intermittent peut provoquer certains effets indésirables comme :

• une sensation de faim ou de fatigue ;
• une variation de l’humeur et des émotions, ainsi que du stress ;
• une baisse de l’énergie et de la capacité de concentration ;
• des brûlures d’estomac ou une mauvaise haleine.

Avec la glycogénolyse, le corps sécrète aussi plus d’adrénaline, une hormone qui peut accélérer le rythme cardiaque ou provoquer des insomnies et autres troubles du sommeil.

Le jeûne a d’autres effets indésirables au-delà de 36 h de privation de nourriture, mais on sort alors du cadre du jeûne intermittent et on parle de jeûne, hydrique ou sec, prolongé.

Les effets du jeûne hydrique et du jeûne sec

Qu’est-ce qu’un jeûne hydrique et quels sont ses effets ?

Il s’agit d’un jeûne d’au moins deux jours pendant lequel on retire tous les aliments solides et on ne consomme que de l’eau, des tisanes ou des bouillons de légumes.

À l’inverse du jeûne intermittent qui ne nécessite pas forcément d’avis médical préalable, un jeûne hydrique de plusieurs jours exige certaines conditions de santé. Il offre de nombreux bienfaits, mais aussi des risques d’effets indésirables plus prononcés.

Ainsi, au bout de 2 jours à jeûner, le corps commence la néoglucogenèse. Il s’agit d’un mécanisme d’adaptation de l’organisme qui produit des glucides à partir d’éléments non glucidiques, en piochant dans les graisses et les muscles. Ce processus très important dans les jeûnes hydriques prolongés correspond au moment où le corps va transformer les déchets.

En parallèle, et pour préserver le corps d’une fonte musculaire trop importante, un autre processus se met en place dès 36 h sans aliments : la cétogenèse. L’organisme fabrique des corps cétoniques pour continuer d’alimenter les organes, à partir de lipides (donc des acides gras contenus dans les tissus adipeux, les graisses) grâce à l’action du foie.

Ce sont ces deux mécanismes de l’organisme qui sont principalement à l’origine des nombreuses vertus thérapeutiques du jeûne, observées dans différentes études. Pourtant, ces réactions du corps face à la privation d’alimentation sont aussi la source de certains effets indésirables du jeûne.

Quels sont les effets indésirables du jeûne hydrique ?

Les premiers jours d’un jeûne hydrique vont faire apparaitre inévitablement certains effets secondaires.

Tout d’abord, il est possible de ressentir du froid, car la chaleur dégagée par la digestion, qui est une des actions les plus énergivores de notre organisme, est absente. Il est donc important de bien se couvrir.

Par ailleurs, la mise en place de la néoglucogenèse et la cétogenèse produit des déchets métaboliques dans le corps, qui peuvent engendrer des effets indésirables assez courants. La première libère des toxines acidifiant l’organisme en s’accumulant dans le sang et peut ainsi provoquer une crise de détoxification ou d’acidose. La seconde génère la libération d’acétone dans le sang provoquant une crise d’acétone.

La crise de détoxification ou d’acidose peut provoquer les effets indésirables suivants :

• nausées ;
• migraines ;
• diarrhées ;
• vomissements ;
• fièvre.

La crise d’acétone peut, quant à elle, provoquer les effets secondaires suivants :

• fatigue ;
• nausées ;
• migraines ;
• douleurs abdominales.

Dans les deux cas, ces effets indésirables du jeûne doivent rester passagers et peuvent être résolus en buvant beaucoup pour aider l’organisme à mieux éliminer les déchets.

Enfin, le dernier effet secondaire d’un jeûne prolongé est le manque en sels minéraux, pouvant entrainer des problèmes d’hypotension, accompagnés de vertiges, fatigue ou crampes. Cela peut être évité en consommant des bouillons de légumes. Si ce problème persiste, il est possible que ce soit le signe d’arrêter de jeûner.

Le jeûne sec et ses effets indésirables

Le jeûne sec est un jeûne total, pendant lequel on n’ingère aucun aliment ni boisson. Le ramadan est une forme de jeûne sec, mais de manière intermittente en attendant le coucher du soleil.

Le jeûne sec non intermittent comporte des effets indésirables conséquents, tels que :

• la déshydratation ;
• la fonte musculaire ;
• des carences en macronutriments ;
• des troubles cardiaques ;
• un affaiblissement des fonctions rénales.

Pour ces raisons, il ne peut pas être réalisé sur une longue période et doit se faire impérativement sous supervision médicale.

Comment jeûner sans mettre sa santé en danger ?

Les processus qui se mettent en place au moment où l’on se met à jeûner comportent ainsi un certain lot d’effets secondaires indésirables. Pour autant, ce sont ces mêmes processus qui apportent les bienfaits du jeûne au corps. Au cours de la cétogène, la sensation de faim disparait et l’énergie remonte. Les effets indésirables du jeûne s’estompent.

Pour autant, jeûner est une pratique intense pour le corps, qu’il faut donc bien accompagner. D’abord en restant à l’écoute de ses sensations. Ensuite, en excluant le jeûne si l’on a un avis médical le contre-indiquant. Jeûner est une pratique déconseillée aux personnes diabétiques sous traitement, aux personnes souffrant de problème de tension artérielle et aux personnes âgées, car il peut entrainer des maladies cardiaques ou cardiovasculaires, ainsi qu’une perte d’équilibre, avec le risque de chutes que cela implique. La pratique est également déconseillée aux jeunes enfants ainsi qu’aux femmes enceintes ou allaitantes.

Enfin, il est important de bien préparer le corps aux effets secondaires du jeûne. Pour cela, on prend soin de réaliser une descente alimentaire pour s’habituer peu à peu à la suppression des aliments. Ensuite, dans le cas d’un jeûne hydrique, il faut boire beaucoup d’eau pour éliminer au mieux les déchets et toxines. Par ailleurs, la rupture du jeûne et la reprise alimentaire doivent aussi se faire progressivement, en réintroduisant peu à peu les aliments. Enfin, un suivi médical tout au long de sa pratique est l’idéal pour s’assurer que les effets indésirables du jeûne n’entravent pas les bienfaits qu’il procure.